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mardi 8 septembre 2009

Dialogue imaginaire - Episode 1

entre Michel l'ancien et Emmanuel le jeune !

E. Dis donc, Michel, j’ai suivi ta partie contre Jérôme, comment peux-tu prendre autant de risques en donnant 1, 2 pions, voire quelquefois plus dans tes parties ?

M. Tu sais, Emmanuel, j’aime jouer, et je n’ai pas peur de perdre ; ensuite, je considère que je joue assez mal si je dois subir la pression de mon adversaire et si je ne dispose pas, sur l’échiquier, d’un espace de manœuvre suffisant.

E. Oui, mais aucun grand maître ne fait comme toi si peu de cas de son matériel.

M. Tu as partiellement raison, encore que, j’ai récemment vu une partie « Kramnik –Carlsen » et une autre « Fontaine-David » où « l’activité des pièces sur le roi » l’a emporté sur le banal rapport matériel ; je considère que je fais, au contraire, grand cas de mon matériel car je l’utilise en l’échangeant contre de l’activité et de la pression sur l’adversaire.

E. A haut niveau, ta manière de voir les choses me paraît difficilement concevable.

M. C’est probablement vrai ; toutefois, si cela t’intéresse, je te montrerai quelques parties où des GMI et MI ont succombé à la pression exercée par quelques spécialistes du jeu dynamique.

Et puis, lorsque nous jouons le dimanche en N4, tu n’as pas en face de toi un GMI ou un logiciel comme Rybka ; il faut se rappeler qu’aucune partie n’a jamais été gagnée sans au moins une imprécision d’un des deux protagonistes. Je pense que le jeu dynamique ne peut que favoriser l’apparition d’erreurs de la part de ton adversaire.

Tiens, pendant les vacances qui viennent de s’achever, moi, comme beaucoup d’anciens comme tu dis ne sommes pas partis en vacances avec le « flot majoritaire ». Je me suis, entre autre, adonné à de nombreuses parties sur internet ; parmi toutes les parties jouées et pour illustrer mon propos, je te propose d’examiner avec moi celle-ci jouée en 10 minutes K.O. (Mike-The Best, internet, 17 Août 2009).

E. Bien volontiers, surtout qu’avec un pseudonyme pareil, ton adversaire devait être à la hauteur.

M. En effet, regarde :

1 d4 d5
2 e4 dxe4
3 Cc3

E. Je te reconnais bien !! Le Blackmar-Diemer-Gambit

M. Oui, bien sûr, mais apparemment, mon adversaire –au vu de sa réponse- disposait d’un peu de connaissance livresque :

3 ...e5

E. Ah ! oui, si tu prends en e5, tu es potentiellement déroqué et évidemment, ça n’entre pas dans tes prévisions.

M. Il est vrai que cette défense appelée "contre gambit Lemberger" ne me permet pas d’obtenir les positions que j’affectionne ; elle est considérée, par certains, comme la plus forte ; néanmoins, parmi toutes les réponses essayées par les blancs, il en est une que je dois au joueur « Birchbeer » et qui, à mon avis, est parfaitement logique dans l’esprit du jeu dynamique, c’est :

4Fc4

E. Ah ! oui, et pourquoi est-ce meilleur que : 4Cxe4 ?

M. A mon sens, on profite avec 4Fc4 des éléments suivants :

- on évite de rentrer dans les idées des noirs et on essaie d’imposer son propre point de vue,
- on est sûr de positionner le fou de case blanche sur une bonne diagonale, compte-tenu du 3e coup des noirs qui ouvre définitivement la diagonale a2-g8,
- à des coups de pions, on répond par une mobilisation des pièces sur de bonnes cases,

E. Ouais, et qu’a répondu ton adversaire ?

M. J’avoue que je m’attendais à Dxd4 qui récupère un pion de plus et attaque le fou c4 (sur la base de 2 parties « Birchbeer-McGrew 1996 ») mais j’ai eu droit à :

4 ...exd4

E. Cette fois, tu as alors joué Cxe4 ?

M. Sûrement pas ! Souviens-toi qu’il ne faut pas rentrer dans le jeu de l’adversaire ; à quoi cela aurait-il servi que je mobilise si rapidement mon fou de case blanche si ce n’est pas pour l’utiliser ? Non, je me suis inspiré d’une idée de l’attaque « Sneiders », à mon sens, plus forte ici compte-tenu de la présence du fou c4 et qui maintient l’initiative :

5 Dh5 Dd7
6 Cxe4 De7

E. Tu as fini par le jouer le coup Cxe4, et maintenant, ce dernier est cloué et qui plus est, menacé d’être pris sur échec.

M. Compte-tenu de ma meilleure mobilisation, il est sûr qu’une solution existe ; il faut avoir confiance et chercher un coup dans la logique échiquéenne du dynamisme.

7 Ce2 Cc6

E. Bien sûr ! Tu mobilises une pièce de plus et le cavalier e4 n’est pas prenable, car la prise ne s’effectue pas sur échec et l’attaque sur le roi noir serait probablement mortelle.

M. Bien vu, voyons la suite :

8 Fg5 Db4+

E. Aïe !! ton fou c4

M. Rien de grave, mais garde à l’esprit de toujours vérifier les conséquences d’un échec intermédiaire :

9 Cd2 Ce5

Mon adversaire ne se défend pas mal, mais observe qu’il joue maintenant avec deux pièces (Dame + Cavalier) contre cinq (Dame + 2 fous + 2 cavaliers)

E. Certes, mais maintenant, ton fou est attaqué deux fois et tu vas bien être obligé de tenir compte de cette menace en jouant, par exemple, Fb3 ?

M. Au premier abord, oui ; toutefois, n’est-ce pas le moment d’enfoncer le clou encore plus en matière de mobilisation ? Et j’ai joué :

10 0-0-0 Cxc4 ??
11 Cxc4 Dxc4
12 Txd4 Fg4

E. Ton adversaire aurait pu se douter du piège qui, au demeurant, était calculable !

M. Exact, mais n’oublie pas que tout cela se joue dans le cadre d’une partie en dix minutes K.O ; en fait, quand j’ai joué grand roque, je n’ai pas calculé grand- chose, j’ai juste vu que les noirs resteraient, en cas de prise, avec la seule dame contre 4 pièces et 1 roi vulnérable coincé au centre. Toujours dans le cadre du jeu dynamique, je me suis dit que cette situation serait forcément favorable aux blancs.

E. Et tu as finalement gagné ?

M. Je te donne la fin de la partie qui ne présente alors plus beaucoup d’intérêt :

13 Dxg4 Dc6
14 Te4+ Ce7
15 Cd4 Da6
16 Fxe7 Fxe7
17 Dxg7 0-0-0
18 Txe7 Dd6
19 Dxf7 Dxd4
20 Txc7 Rb8
21 Txb7 Ra8
22 Df3 Dd2
23 Rb1 Dd5 ?
24 Dxd5 Txd5

Et là, mon adversaire a eu la courtoisie d’abandonner alors que j’étais légèrement en retard à la pendule.

E. Bon, d’accord, tu n’as pas mal joué pour un homme de ton âge, mais je suis sûr que le jeu des noirs est améliorable, surtout en partie lente.

M. Certainement, tu as d’autant plus raison que j’ai rejoué cette position contre le logiciel Rybka et que je l’ai évidemment perdue ! Néanmoins, rappelle-toi ce que je t’ai dit :

- on n’a pas toujours un adversaire du niveau de Rybka en face de soi ;
- personne, même un grand maître, n’a jamais gagné une partie sans faire une quantité de fautes inférieures à celles de son adversaire.

E. En fait, ton adversaire s’est laissé prendre au jeu de l’avance de développement et du maintien de l’initiative en ta faveur ; si ce n’est que ça, le jeu dynamique, ce n’est pas très original !

M. Vrai, pour cette partie ; toutefois, il existe d’autres thèmes un peu plus subtils que je te propose de découvrir ensemble. J’ai envisagé de faire la liste des critères que doivent respecter les « bons coups dynamiques » et j’ai déjà des idées assez précises sur le sujet. Toi qui rentres en terminale « S » veux-tu y participer avec moi ?

E. Avec plaisir.

M. Donc, à une prochaine, pour examiner d’autres idées plus subtiles du jeu dynamique.

Tous mes remerciements à Michel ANCIAN pour sa contribution sympathique. Tout aussi intéressant que les entrevues imaginaires proposées par Christophe BOUTON, mais autrement plus cordiales ;o))

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